
Hommage aux amants qui ont su rester dignes de leur amour
Je pleure
Non pas mon amour perdu
Mon erreur était la mienne
Je pleure tous les amours perdus
De ceux qui en étaient dignes
Je pleure Tristan et Iseut
Ils sont morts en étant dignes
Je pleure le vaillant Roméo
Et sa digne épouse Juliette
Je pleure à travers tant de romans
Ceux qui s'aimèrent tout le temps
Ils ne sont pas que de romans
Êtres de papier et de songe
Ils sont là parmi nous vivants
Et ils nous font don de leur grâce
Dont nous sommes jaloux et dont nous rions
Pour cacher notre disgrâce
Nous n'avons pas su aimer
Ni croire en l'amour de l'autre
Assez pour qu'il croie dans le nôtre
Au point de ne pouvoir s'en passer
C'était possible on n'a pas su
Et surtout on n'a pas voulu
C'est si facile de se plaindre
Et de se dire trahis
Trahis par qui
En qui avions-nous donc confiance
Et qui avions-nous donc choisi
Disons les choses simplement
Nous nous sommes tous deux trahis
Ne cherchez pas comment
Vos récits sont si lassants
Vous êtes si uniformes
À parler de la même façon
C'est lui c'est elle qui a commencé
Bien sûr bien sûr mais qui a continué
Roulé la roue jusqu'à l'abîme
Alors je pleure
Ceux que l'amour n'a pas lassés
Tels Héloïse et Abélard
Ils existent en réalité
Á travers mille gens obscurs
Dont l'amour n'a pas de légende
Susceptible de nous guider
Je pleure
J'aurais voulu être l'un d'eux
Je pleure ma défaite et ma honte
Comme les autres j'ai échoué
Par amour-propre et vanité
Albert Pesses
