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On ne rit pas tous les jours


On ne rit pas tous les jours
Et pourtant il le faudrait
Comme le disent les sages
Tels Chamfort et Alphonse Allais
Le provoquer n’est pas  facile
Donnez pour ordre : Riez !
Vous aurez au mieux un sourire
Eh oui il faut un argument
Une situation  un prétexte
Pour éveiller nos zygomatiques
Et  les gloussements en cascade
Qui nous dilatent jusqu’à la rate
En général le meilleur prétexte
A rire c’est triste à dire
Mais c’est de rire des autres
Les humoristes et les comiques
Le savent bien ils nous amusent
A moquer les gens importants
Comme les Guignols de l’info
Les hommes raillent les femmes
Qui leur retournent le compliment
Misandrie contre misogynie
Ça fait partie du même combat
On est rosse des deux côtés
Il n’y a guère que le clown
Qui nous fait rire de lui-même
Et c’est pour ça qu’il est si triste
Sous sa face de Pierrot lunaire
Rire de soi ce n’est pas drôle
Et personne n’aime ça
Le rire méchant nous convient mieux
On le partage de bon cœur
Il est même contagieux
Glissez sur une peau de banane
Recevez des coups de bâton
Une tarte en pleine gueule
Et les gens rient comme des baleines
En essuyant les larmes peu charitables
Qui leur coulent des yeux
Mais ne les condamnons pas
Le rire est le propre de l’homme
C’est Rabelais qui le disait
On en est moins sûr aujourd’hui
Sans que ce soit faux l’homme
A besoin de rire pour vivre
Autrement il s’éteint
Au sens propre comme au figuré
Alors riez ! riez sans craindre
De mourir de rire
Au contraire c’est le remède
A la déprime aux maladies
Ça prévient même le cancer
Si ! si ! et je ne plaisante pas
On a même récemment créé
Des cliniques du rire
Seulement ça n’est pas remboursé
Par la Sécurité Sociale
Alors cherchez autour de vous
Le fou-rire et la gaudriole
Plus ça vole bas plus ça fait rire
Et les rois du rire autrefois
Pire que Molière et Courteline
C’étaient les pétomanes
Un humour plutôt gras
Bien peu académique
Mais franc et  sincère
Le rire s’il est salutaire
N’est ni moral ni élégant
Et son pouvoir thérapeutique
S’exerce à partir des tripes
Pensez à Hara Kiri
Il se voulait bête et méchant
Insolent grossier pourtant
Il n’était pas vulgaire
Et on riait en le lisant

 

Albert Pesses

 

Mais il est un autre rire
De joie pure et de bonheur
Qui éclate en nous parfois
Et nous met le cœur en fête
Acceptons l’homme sa face double
Le rire qui lui sort des tripes
Et celui qui lui vient du coeur