
Passerelle
S’acheminer au rivage de l’avant,
en estompant le brouillard posthume.
L’essence d’une brindille a su fluidifier mon cœur.
Palpitement saccadé du sang.
Oisiveté du mental qui se fane,
tandis que les mots coagulent sur la page du trépas.
De souffles et de nuages,
encore une aube qui trottine à petits pas.
J’ai laissé sur le rebord du seuil
un parfum d’élixir et de verte saison.
Cheminer encore vers le devenir
sans anticiper les soubresauts du désir.
Sans rien retenir,
laisser l’instant valsé sur la piste,
s’esclaffer de surprise et s’en remettre à soi-même,
le corps et l’âme nus.
Fermer un œil et puis l’autre.
Taire une pensée
dont les effluves demeurent suspendues dans le sourire des souvenirs.
Percevoir que l’on ne s’achemine que sur les pas de l’autre soi-même.
Au bout du chemin,
se disperser dans la danse d’une feuille morte délibérément complice,
et dans la plénitude de l’automne,
aimer.
Marguerite Bertoni
