Isa Brutta





La visite


Je venais juste pour voir mon fils
Au fond de son lit d’hôpital
J’me trouvais face à la police
Qui ne voulait pas que je le voie.

Tout au bout du long couloir transversal
Vlà les flics avec leur gilet pare-balles
S’la jouant gros durs, excités par la trouille.
Ils ne sont pas trop d’une patrouille

Pour faire face à la mère au « long manteau ».
Ils n’hésiteront pas à dégainer
Car il ne faut pas qu’elle approche de trop :
Le danger est là, tout peut arriver.

Je venais juste pour voir mon fils
Agonisant, criblé de balles
Je n’ai pas été sa complice
Dites moi ce que j’ai fait de mal

Ils me laissent juste crier derrière le mur
« Maman est là , je’n t’abandonnerai pas » 
Ils n’ont pas l’air de trouver ça trop dur :
Normal, un vrai robot ne faiblit pas.

Ce sont les ordres, et ils les appliquent
La mère du délinquant peut bien crever.
Mon fils crie un « maman »désespéré
Ca fait désordre, et les regards s’obliquent.

En repartant, j’ravale mes larmes,
Sans même le voir, ni le toucher,
La haine au cœur, j’aspire au calme,
Parce que demain ça peut changer.

Tout au bout du long couloir d’hôpital,
Je pourrais p’t-être franchir cette porte
On m’dira  : «  Madame, rien de plus normal
C'est votre fils quelle que soit sa faute ! »

Je courrai pour  le prendre dans mes bras
Je lui sourirai et je l’embrasserai.
Sans crainte, sans honte, on se pardonnerait
Serrés tous deux on pleurerait tout bas


Isa Brutta