Charles Richard Drew


La couverture du livre

Sang blanc sang noir
Sang pur sang impur

Les préjugés ont la vie dure
Certains encore aujourd’hui imaginent
Les Noirs doués pour le sport la danse
Le sexe mais nuls du côté cérébral
 
Eh bien c’est faux  comme le prouve
L’exemple de Charles Richard Drew
Né à Washington en 1904
Pour le bien de l’humanité

Pauvre bien sûr mais très brillant élève
Il n’empêche  sa peau étant noire
On ne l’admit dans un  collège
Que pour ses talents d’athlète

Il fut athlète le temps qu’il faut
Pour achever de longues études
Un savant alors remarqua
Pour la recherche ses aptitudes

À cette époque on pratiquait déjà
Des transfusions sanguines
Mais le problème avec le sang
C’est qu’il ne se conservait pas

D’où la conséquence logique
C’est qu’il fallait dans chaque cas
Trouver un donneur compatible
Qui soit là à l’instant propice

Bien sûr ce n’était pas pratique
Beaucoup mouraient faute de sang
À l’hôpital et encore davantage
Là où les hommes livrent bataille

Eh bien c’est Charles Richard Drew
Pendant la seconde guerre mondiale
De cette race qu’on méprisait
Qui résolut le problème

C’est quand même un beau paradoxe
Que le savant qui permit de sauver
Tant et tant de vies humaines
Grâce au plasma fut un nègre

Alors que l’Amérique de l’époque
En proie à la ségrégation
Traitant les Noirs en parias
Méprisait leur sang et leur race

Il faut dire que de tout temps
Race et sang sont confondus
À quoi donc rêvait Hitler
Sinon d’une race au sang pur             
 
Alors mettre du sang de nègre
Dans les veines de l’homme blanc
D’essence ô combien supérieure
C’était en souiller la lignée

Comme dans le même esprit
Donner le sang noble du Blanc
À un nègre risquait de l’infecter
D’un rêve trompeur d’égalité

Alors que partout sur la terre
Guerres accidents ou crimes
La découverte du savant noir
Sauvait par millions des victimes

Sans distinguer le blanc du noir
L’ami l’ennemi le juste du nazi
Ni le sexe le rang ou la fortune
Tous égaux en humanité

Charles Drew fut couvert d’honneurs
Non l’Amérique ne fut pas ingrate
Il reçut prix titres et hommages
Mais périt dans un accident d’auto

La légende dit - est-elle véridique ? -1
Que comme la grande Bessie Smith
Il mourut à l’hôpital le plus proche
Qui  n’avait pas de sang pour lui

Sang blanc sang noir
Sang semblable des hommes
Nés du même limon de la terre

                       

Quoique humiliés et tourmentés
Qu’ils aient nom Drew Norman Mac Coy
Martin Luther King ou Mandela
Aux USA comme en Afrique
Par leur génie et leur bonté
Ils honorent l’humanité
 
 

1-ces accusations sont  aujourd‘hui démenties, mais elles traduisent fidèlement l’état d’esprit qui les a fait naître.


ALBERT PESSES
L'ordre des choses (200 pages, 10 euros)

est en vente auprès de l'association LA CITÉ DES POÈTES
27 rue Clotilde Gaillard 93100 MONTREUIL au prix indiqué, port compris.



LE BADGE


On m'a donné un badge
Quand j'étais un enfant
On m'a donné un badge
Ce que j'étais content

Je l'ai cousu ce badge
A la place de mon coeur
Je l'ai cousu ce badge
Sur mon plus beau vêtement

Il était beau ce badge
Jaune et bordé de noir
Il était beau ce badge
Comme un astre vraiment

La forme d'une étoile
A six branches de surcroît
La forme d'une étoile
Un mot écrit dedans

Un mot de quatre lettres
En caractères gras
Un mot de quatre lettres
tordues comme des serpents

On avait marqué Juif
Au centre lisiblement
On avait marqué Juif
Sur mon coeur de sept ans

C'est un drôle de cadeau
Qu'on m'avait offert là
C'est un drôle de cadeau
Un passeport étranger

J'ai failli aller loin
Là où d'autres sont allés
J'ai failli aller loin
Et partir en fumée


Fils de la Shoah


Je l'ai toujours sur moi
Ce badge en cas de malheur
Je l'ai toujours sur moi
Gravé au même endroit

Je n'en porte jamais d'autre
Bien qu'on ne le voie pas
Je n'en porte jamais d'autre
C'est le seul qui me va

C'est dans cette intention
Qu'on me l'avait donné
C'est dans cette intention
Moi que je l'ai gardé


ALBERT PESSES



VICTIMES ET BOURREAUX


La couverture du livre

Facile d'être compatissant envers les bourreaux tant qu'on n'est pas leur victime.

On pardonne aisément au bourreau d'autrui.

Tant parmi nous pardonnent aux bourreaux qui ne souffriraient pas de voir rayer leur voiture.

La victime seule garde le souvenir de son supplice. Les bourreaux n'ont pas de mémoire.

Le bourreau pourrait plaider sa cause : beaucoup l'entendraient, qui ne sont pas innocents de son usage.

On n'est pas juste envers le bourreau si on n'admet pas que sa victime l'a d'abord provoqué.

Même désarmée, la victime provoque par ses revendications insensées : elle déclare appartenir à la même espèce que le bourreau. Le moyen de se retenir !

Il y a aussi des victimes suppliciées sans provocation de leur part, mais c'est en prévision qu'elles pourraient le faire.

Il y a dans l'art de supplicier des mystères, comme ceux qu'on trouve dans les religions les plus spirituelles. Ils ne sont révélés qu'aux initiés.

Le bourreau n'aime pas qu'on le juge : ça le fait souffrir.

Le métier n'est pas sans risques : le ressentiment des victimes est à craindre.

Toutes ces clameurs de foule qui crient vengeance, c'est la couronne d'épines du bourreau.

Pardonnez-leur, ils ne savent ce qu'ils font en réclamant le châtiment. Ainsi parlait le Christ sur sa croix.

Le meilleur bourreau doit rester anonyme, c'est la rançon de son succès.

Le mercenaire a sa légende, le légionnaire, son parfum héroïque, alors que le bourreau est partout réprouvé.

Pourtant tout pouvoir a besoin de bourreaux, de bons bourreaux éprouvés pour des tâches éprouvantes, car nul ne vous aime ni vous admire.

Il faut aux pouvoirs des égouts et des égoutiers.

Qui est le pire bourreau, de la main qui exécute ou du maître qui ordonne qu'on torture ?

Ce qui indigne le bourreau si on le châtie, c'est que tant d'autres pires que lui échappent à tout châtiment ; il n'y a pas de justice !

Ce qui étonne toujours, c'est la banalité du bourreau : rien dans l'apparence ne le distingue de vous ou de moi.

Combien parmi nous accepteraient d'être bourreaux pour peu que les circonstances s'y prêtent ? Il vaut mieux ne pas y penser, c'est se torturer à l'avance. L'être le plus aimé ?... Et soi-même ?... On sait les purs, vraiment purs, si rares et exceptionnels...

Le pire, qui n'est pas si rare, c'est que la victime de la veille devienne le bourreau du lendemain.

On se sert de plus en plus de la victime pour se donner le prétexte de la venger sur des innocents.

Qui sait maintenant, tant on sème de confusion, qui, de la victime ou du bourreau, est la véritable victime ?

Du terroriste aveugle au bourreau qui le torture pour prévenir d'autres attentats, et de nous-mêmes, partie prenante ignorante et potentielle des enjeux de leurs combats, qui peut clairement savoir qui est la vraie victime et s'il peut seulement y en avoir une d'authentique ?

Alors qu'on condamne les innombrables victimes de cent despotismes divers à renoncer au châtiment de leurs bourreaux pour sauver la paix civile et éviter le déclenchement du cercle infernal des représailles.

L'innocence a perdu du terrain en ce monde


ALBERT PESSES
Fils de la Shoah (50 pages, 8 euros)
et
Le livre des sarcasmes (200 pages, 12 euros)


sont en vente auprès de l'association LA CITÉ DES POÈTES
27 rue Clotilde Gaillard 93100 MONTREUIL au prix indiqué, port compris.